lundi 24 mars 2008

Les piles à combustible

Je me suis inscrit à la Transquadra 2008-09, en solitaire cette fois, après l’avoir courue en double avec mon frère Jean-Claude en 2002-03, toujours sur Zinzolin, notre Pogo 8.50.
Parmi toutes les choses à préparer, se pose bien sûr l’éternelle question de l’alimentation électrique, car l’énergie à bord reste l’angoisse et le rêve de tous les marins, surtout des solitaires. C’est toute la différence entre une “jolie traversée” et “la galère”. Je me souviens en 2004 avoir vu arriver des solitaires hagards après des nuits et des jours de barre, les yeux rougis de sel, d’absence de sommeil et de pleurs, et rien de plus à leur dire que l’horreur à laquelle nous avions, nous les doubles, échappé à coup sûr.
Depuis que Zinzolin a été mis à l’eau en 2001, j’ai usé 2 alternateurs et le troisième n’a pas chargé comme il le fallait lors de la traversée retour de cet été, entre New York et la France. Sans compter les 2 courroies qui ont brûlé, et les heures de couture pour fabriquer d’autres courroies à l’aide de sangle, qui duraient ce qu’elles pouvaient.

Par précaution, j’avais d’abord pensé installer un deuxième alternateur sur mon Volvo 10 CV, mais je n’étais pas très rassuré par mes expériences, et puis le prix n’est pas mince pour un système qui ne sert qu’au long cours et est bien contraignant: le bruit, la quantité de fioul à embarquer, la surveillance de tous les instants de l’indicateur de charge, etc...Pour les mêmes raisons, embarquer un groupe électrogène ne me paraissait pas non plus très attrayant.
J’ai donc été intrigué comment Joyon racontait sa fièreté d’avoir fait un tour du monde “propre”, et me suis intéressé aux fameuses piles à combustible (fuel cell en anglais). À l’évidence c’est le choix que font aussi d’autres coureurs, à commencer par mon copain François Gouin avec/contre qui je cours la Transquadra cet été...
J’ai trouvé deux sociétés qui vendent des versions marines, une en France et plusieurs aux USA, où j’habite. Vu la différence de prix, j’ai donc penché pour le modèle EFOY (pour Energy FOr You…) 1600 qui est également distribué en France sur un site de vente sur internet. À regarder de près, elles se ressemblent comme 2 gouttes d’eau, avec un manuel qui est aussi presque similaire, y compris les illustrations, ce que vient de me confirmer Frédéric Bach, le préparateur qui l’a reçue et va l’installer (à se demander si ce ne sont pas les mêmes...). En fait, la EFOY 1600 est fabriquée en Allemagne par la société SFC qui est à l’évidence à la tête de ce marché. Le site, très bien fait et accessible en français, donne toutes les informations possibles.

Economie de poids (4 litres de fioul valent 1 litre de méthanol en rendement électrique, ce qui compense vite le surpoids de 7.6 kg de la pile), de coût à long terme (moins d’usure du moteur, moins d’usure des batteries liée aux variations de charge, le méthanol n’est pas onéreux), de bruit (ça je n’en doute pas…) et surtout je peux transférer facilement la pile sur le Zerline, le mini de mon frère, et sur mon futur bateau, un Pogo 40S de chez Structures avec lequel je compte courir la Route du Rhum 2010)… J’imagine donc que c’est un investissment rentable.
Si j’ai bien compris, ça devrait marcher tout seul sans autre grande maintenance que de mettre du méthanol. Question consommation, Bernard de Ravignan qui a couru la dernière Transquadra avec une pile dit sur le site de la course qu’il a seulement utilisé 15 litres de méthanol pour toute la traversée, avec un parc de batterie toujours chargé à fond et sans jamais utiliser de moteur...Ca laisse rêveur!
La seule limite du système est la gîte, puisque la pile se désactive automatiquement quand l’inclinaison dépasse 35 degrés pendant plus de 10 minutes, et s’arrête immédiatement au delà de 45 degrés. Bon, j’espère que ça ne devrait pas arriver trop souvent...
En ce qui concerne le parc de batteries, ce n’est pas trop facile de calculer le besoin quotidien, il suffit d’une grosse mer, de conditions tendues et le risque de se retrouver à sec de courant est possible, malgré un rendement théorique de 1600 W/j, soit 130Ah/jour. Je garde donc mon parc de 3 batteries de service, en plus de celle du moteur. Principe de précaution...

Après avoir vu mon site et lu mon blog, Jérôme Mazabraud, mon interlocuteur sur le site internet où j’ai acheté ma pile, m’a demandé de mettre un premier post sur le blog qu’il compte ouvrir, ce que je fais bien volontiers.
Pour le reste, il faut maintenant que j’utilise ma pile à combustible et que je me fasse ma propre idée en situation réelle: 3700 milles en course au large en solitaire, ça devrait être un bon terrain d’expériences…Si je suis encore invité sur ce blog, je vous raconterai tout à l’arrivée!

Bertrand Guillonneau.

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